La vie sexuelle des super-héros

Soumis par Denis le 27/08/2012 à 12h54

En voilà un roman original au titre osé et aguicheur ! À New-York, en ce début de 21ème siècle, les superhéros de notre enfance ont bien changé. Ils ont vieilli, sont à la retraite et ne font plus vraiment rêver. Hommes d'affaires ou vedettes de la télévision, cela fait bien longtemps qu'ils ont raccroché capes, tenues flashies et super-pouvoirs. Mais la retraite ne sera pas aussi paisible que ça pour certains d'entre-eux, qui doivent faire face à des menaces de mort...

L'idée de départ du roman de Marco Mancassola est on ne peut plus accrocheuse et on démarre la lecture en se demandant où donc il va bien pouvoir nous emmener. Et ça démarre fort, avec une intrigue mêlant habilement polar et vie intime des superhéros. On sait dès le départ que Robin et Batman, qui étaient amants, ont été assassinés à quelques années d'intervalle.

La première partie nous conte l'histoire de Red Richards, alias Mister Fantastic, devenu scientifique à la NASA et qui tombe amoureux d'une jeune astronaute. Le début est passionnant, avec une ambiance mélancolique extrêmement bien rendue. Mais on perçoit vite ce qui est la principale faiblesse de ce roman : c'est long, long, très long, insupportablement long ! On finit par lire distraitement et passer des phrases entières, les phases de description n'en finissant pas. Et on se demande ce qu'il va bien pouvoir se passer, à quel moment l'action va vraiment se mettre en place. Mais au delà de cette lenteur, l'histoire de Mister Fantastic n'en demeure pas moins belle et particulièrement émouvante.

La partie consacrée à Batman, étrangement, parait extrêmement courte. Comme si l'auteur rechignait à développer ce qui aurait pu être tout aussi intéressant, à savoir l'histoire de Batman et Robin. Finalement, ici, on ne peut s'empêcher de penser que Mancassola avait peut-être juste envie de démolir l'image du chevalier noir. C'est dommage. Quoi qu'il en soit, la fin de Bruce Wayne est... originale et trash, âmes sensibles s'abstenir !

Les pages consacrées à Mystique, star de la télévision, sont assez sympathiques, mais ça traîne une fois de plus en longueur, sans pour autant renouer avec l'émotion des histoires précédentes. D'autant plus qu'on commence vraiment à s'impatienter : après des centaines de pages, on a hâte d'avoir le fin mot de l'histoire.

Puis vient le dénouement tant attendu, l'épilogue consacré au vieux Superman incapable de marcher sans l'aide de sa cane. Cette fois, plus question de longueurs, bien au contraire : la fin est expéditive et bâclée. Mancassola ne donne aucune clef pour délier l'intrigue, pour comprendre ce qui s'est réellement passé et pourquoi.  On se sent comme floué devant ce vide. Tout ça pour ça ?!? Cette fin est une immense déception.

Le roman, vous l'aurez compris, est très frustrant. Certains passages sont passionnants, il y a de bonnes idées, des scènes croustillantes et le récit est beau et amer. Mais il faut supporter un rythme très lent, et ne pas s'attendre à comprendre quoi que ce soit à la fin. Dommage, j'attendais mieux.

"La vie sexuelle des superhéros" est édité en France par Gallimard.