Gravité à la manque, George Alec Effinger

Soumis par Denis le 16/03/2015 à 13h32

Dans un futur aux très forts relents cyberpunk, où les vieilles nations que l'on connaît ont explosé en une myriade de petits états provinces, le Boudayin est un quartier chaud d'une grande ville du Moyen-Orient. Tout le monde s'y colle des implants dans le cerveau, y compris certains qui vous donnent la personnalité d'un autre, fictif ou réel. Ce peut être James Bond ou un tueur en série. Au milieu des bars à prostituées, des flics corrompus, des petits caïds ou des gros parrains, évolue Marîd Audran, un privé "à l'ancienne" anachronique et pourtant comme un poisson dans l'eau dans cet univers décadent et technologique. Audran se voit confier une enquête qui l'embarque à la poursuite d'un tueur en série.

Publié en 1987, "Gravité à la manque" est le premier roman du cycle de Marîd Audran, réédité récemment en intégralité sous le titre "Les nuits du Boudayin" et constitué de 3 romans et 8 nouvelles.

Il mêle trois thèmes forts : le Moyen-Orient, le cyberpunk et le roman noir des années 50. Les deux premiers forment les fondations de son univers. Le dernier structure la narration. Ce mélange des genres est étonnant et très réussi, donnant au roman sa richesse, son originalité et un fort pouvoir d'évocation teinté d'exotisme.

Bien sûr, on y retrouve de nombreux poncifs du cyberpunk, comme l'omniprésence de la technologie, à commencer par les implants. Tout cela a gentiment pris un petit coup de vieux, mais rappelons-nous de ce qu'était la technologie dans les années 80, lorsque que George Alec Effinger a démarré ce cycle.

Bien sûr aussi, la construction du récit n'a finalement rien d'originale : une enquête menée par un privé, au milieu d'un environnement décadent et corrompu.

Il en résulte un rythme soutenu, avec meurtres et rebondissements particulièrement bien vus, mais tout en sachant ménager le lecteur lors de passages plus portés sur l'ambiance, particulièrement savoureux et hauts en couleurs.

Pour conclure, "Gravité à la manque" se lit facilement et avec grand plaisir. Cela me semble beaucoup plus digeste que d'autres romans du même courant datant de cette époque. J'ai en tout cas hâte de lire la suite des aventures de cet étonnant monsieur Audran.

Le recueil "Les nuits du Boudayin" est édité en France par Mnémos.