Nuit d'été, Dan Simmons
Publié en 1991, deux ans après Hypérion, ce long roman de Dan Simmons est la première partie du triptyque "Elm Haven" composé également des romans "Les fils des ténèbres" et "Les chiens de l'hiver".
Dans les années 60, au cœur de l'Illinois, un groupe de gamins est bien content de terminer l'année scolaire et de quitter Old Central, la sordide école de la petite ville de Elm Haven. À eux les joies des vacances d'été !
Mais leur joie sera de courte durée, car d'étranges et effrayants évènements vont vite ponctuer cet été pas comme les autres.
"Nuit d'été" s'inscrit dans la tradition classique des romans "d'horreur" de Dan Simmons, un peu à la manière de l'échiquier du mal, de la même époque, ou de Terreur, publié quelques années plus tard.
L'originalité, ici, réside dans le fait que les personnages principaux sont des enfants : Mike, Dale et son petit frère Lawrence, Duane, Kevin et Harlen forment le noyau de base de cette bande qui va se retrouver embarquée dans des évènements qui les dépassent.
Le récit, linéaire, passe d'un enfant à l'autre.
Il y a inévitablement un petit côté "Goonies" là-dedans, mais, évidemment, en bien plus... trash. On connaît la faculté qu'a Dan Simmons à dézinguer quelques personnages importants dans ses romans, et je peux vous assurer qu'il ne s'en prive pas dans "Nuit d'été" !
Les adultes sont ici des personnages secondaires puisqu'ils ne sont jamais les protagonistes principaux du récit : on ne les découvre que tel qu'ils sont vus par les enfants.
Une des forces de Dan Simmons, depuis Hypérion, réside dans la puissance et la justesse de son pouvoir d'évocation. Ça fonctionne parfaitement dans "Nuit d'été", aussi bien pour l'ambiance très sixties de cette petite ville américaine, que pour les inquiétants évènements qui vont façonner le récit, faisant ressentir une pression montant crescendo au fil des pages.
À ce sujet, deux points particuliers ont retenu mon attention :
- Tout d'abord, dès les premières pages, on se rend vite compte que Old Central, l'école, tient un rôle capital. Cette vieille bâtisse est tout simplement flippante. Elle ne terrorise pas seulement Mike, Dale et leurs copains, car Simmons réussit, par sa justesse, à terroriser le lecteur.
- Concernant le second point, je ne vais pouvoir trop en dire, mais sachez que le roman donne une importance soutenue et très particulière à... un véhicule. Il s'agit du camion d'équarrissage. Là encore, la magie de Dan Simmons opère. C'est tout simplement sublime. Et effrayant.
"Nuit d'été" est tout sauf court. L'auteur prend son temps pour développer l'intrigue, sans pour autant souffrir de longueurs inutiles. Au contraire : pour le lecteur, c'est l'occasion de mieux connaître les protagonistes de l'histoire et de plonger dans l'ambiance. De plus, l'intérêt est toujours relancé par des scènes fortes, qu'elles soient bouleversantes ou effrayantes.
Plus proche de l'échiquier du mal que de Terreur, "Nuit d'été" est de facture assez classique et n'a certes pas le souffle épique des plus grandes réussites de Simmons. Mais cela reste un très bon roman que je ne peux que recommander.