Black-out, Connie Willis

Soumis par Denis le 20/01/2016 à 11h54

En 2060, les historiens ont une formidable technologie à leur disposition : le voyage dans le temps, leur permettant de revivre les évènements marquants de l'histoire. Trois d'entre eux sont envoyés en Angleterre durant la Seconde Guerre mondiale, en 1940. Mérope étudie les conditions de vie des enfants évacués loin de Londres, activement bombardée par l'aviation allemande. Polly se fond dans la population londonienne qui affronte cette difficile et dangereuse période de son histoire. Michael, quant à lui, revit l'évacuation des troupes anglaises en pleine déroute, de Dunkerque vers Douvres.

Mais pour les trois protagonistes, un évènement inattendu va bouleverser leur expérience : les "points de transfert", qui leur permettent de revenir à leur époque, se trouvent subitement inactifs.

"Black-out", publié en 2010, est le premier tome de "Blitz", un diptyque se concluant par le roman "All Clear". Connie Willis est une auteur primée dans le monde de la science-fiction avec plusieurs prix Hugo, Nebula et Locus. "Blitz" a d'ailleurs réussi la performance de recevoir les trois.

Ce long premier tome me laisse une impression plutôt mitigée. Je m'attendais avec grand intérêt à un savant mélange de science-fiction et de roman historique.

Une fois les premières pages passées, le récit consiste exclusivement à suivre les aventures des trois historiens au coeur de la Seconde Guerre mondiale. La majeure partie de "Black-out" alterne les récits, avec un chapitre par personnage. Il faut reconnaitre que l'Angleterre de 1940 est extrêmement bien rendue et remarquablement détaillée. C'est indéniablement le point fort du roman.

Mais où est la S.-F. ? Elle est quasiment absente, comme si le voyage temporel n'était qu'un prétexte introductif pour justifier la présence des trois personnages en 1940. Il y a pourtant des choses passionnantes à développer sur cette thématique, comme l'excellent concept des points de divergence abordé par Willis. Peut-être faut-il attendre le second tome1...

J'ai mis du temps à aller au bout de ce long roman. Voici pourquoi :

  • Le rythme est vraiment très lent ! Pour être sincère, j'ai failli en abandonner la lecture à plusieurs occasions, car si le récit est agréablement construit et fourmille de détails, il manque d'envergure, de souffle et de rebondissements pour maintenir et relancer l'intérêt au-delà de la formidable évocation historique.
  • Certains passages, que ce soit des dialogues, des intrigues ou des évènements (faux suspens, faux rebondissement...), m'ont semblé quelque peu simplistes, presque caricaturaux, évoquant plus la littérature adolescente qu'un roman adulte de science-fiction.
  • J'ai également cette impression concernant les trois personnages principaux, assez peu "fouillés" malgré la longueur du roman.

La dernière déconvenue, si j'ose dire, est de se rendre compte que pas grand-chose n'a avancé une fois qu'on a bouclé la dernière page. En tout cas rien en ce qui concerne le voyage dans le temps. Il faut donc enchaîner sur le second tome, "All Clear", encore plus long que le premier.

Je ne suis pas sûr d'en avoir le courage.

"Black-out" est édité en France par Bragelonne.


  1. Ces concepts ont peut-être été abordés dans les précédents romans de l'auteur, sur la même thématique, comme "Le Grand Livre" publié en 1992. ↩︎